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Publié par Jérémy Avraham Cohen

Quelle est la place de la femme dans l’étude de la Torah ?

Développement de la question

De nos jours, il existe des dizaines d'instituts ou des jeunes filles et femmes étudient la Torah, avant de se consacrer à d'autres études ou activités. Certaines femmes pensant même qu'elles devraient étudier comme les hommes, sans restriction de sujet ou de temps.

A l'opposé, dans certains milieux il existe une pensée fréquemment partagée que l'étude serait une mitsva [commandement] réservée aux hommes et que la femme ne devrait pas étudier, que sa place est ailleurs, l'étude étant pour eux la chasse gardée des hommes. Quel est donc la place de la femme dans l'étude ?

Réponse

Il est écrit dans la Torah que c'est une obligation pour l'homme d’étudier tous les jours (Devarim 6, 7). Cette mitsva est également rappelée dans les écrits de nos sages en divers endroits; elle est considérée comme devant même prendre une place prépondérante dans la vie d'un juif.

A la différence de l'homme, il n'est rapporté ni dans la Torah ni dans le Talmud  qu'il existe une mitsva d’étudier pour les femmes. Certains en ont donc déduit que l'étude de la Torah est réservé à la gente masculine. D'un autre côté, le fait que les femmes en soient dispensé ne leur interdit pas d'étudier si elles le désirent. De plus, il n'y a pas d'interdit formel pour une femme de consacrer du temps à l'étude de texte sacrés.

Par conséquent, la plupart des décisionnaires ne voient pas d'inconvénient à l'étude des femmes bien qu'ils fixent un cadre à cette étude

Il est recommandé aux femmes d’étudier des livres traitant de la Halakh'a [loi juive] ainsi que tout ce qui concerne l'histoire du Peuple d'Israël telle qu'elle est racontée dans le Tanakh'. Par contre, il leur est déconseillé d'étudier de manière approfondie le Talmud (Talmud Sota 21b).

Pourquoi est-il déconseillé aux femmes d'étudier le Talmud ?

Le Rav Tsvi Tao explique (h'overet chéasani kirtsono) que  le secret de l'unité dans la vie d'un homme et d'une femme réside dans le fait qu'il existe des différences fondamentales au niveau de leurs caractères :

Alors qu'une "force émotionnelle" occupe une place prépondérante dans l'âme de la plupart des femmes, celle de la plupart des hommes est plus dominée par une "force mentale ou intellectuelle".  Cette force est une nature qui les pousse à agir et à réfléchir d'une certaines façon dans la vie de tous les jours.

Evidemment, en l'homme comme en la femme ces deux forces existent ; cependant, l'une est dominante, alors que l'autre est plus discrète. Ce sont ces différences de nature qui permettent à l'homme et à la femme de se compléter afin de s'unir. Comme par exemple pour les pôles d'un aimant, s'ils avaient la même nature ils n'auraient pas pu se rapprocher et se lier. Il est à noter que chaque force a ses défauts et ses qualités ; il ne faudrait pas penser par erreur que la "force mentale" est plus honorable que la "force émotionnelle" ou le contraire.

Grâce à cette clarification, il est désormais possible de comprendre pour quelle raison l'étude du Talmud est déconseillée aux femmes. Une telle étude est basée sur des réflexions qui font appel principalement à des raisonnements logiques. Ainsi, la nature de la plupart des hommes convient parfaitement à une telle étude, alors que la nature émotionnelle de la femme convient moins. Une femme qui se forcerait à étudier le Talmud agirait contre sa nature et se causerait plus de dommages que de bienfaits.

Les femmes reçoivent une récompense de leur étude

Quelle est la place de la femme dans l’étude de la Torah ?

Bien que de manière générale la nature de la femme convienne moins à l'étude de la Loi orale, il est possible que certaines femmes soient malgré tout attirées par une telle étude. Rabbi Yossef Messas  explique (Nahalat Avot Pirké Avot 6, 1) que bien qu'elles ne soient pas obligées d'étudier, leur étude sera récompensée (Hilkhot Talmud Torah 1, 13) et elles mériteront de recevoir de nombreux bienfaits (Pirké avot ibid), comme ce fut le cas pour Déborah qui eut le mérite d'accéder à la prophétie grâce à sa sagesse et à ses actes méritoires. Tel fut également le cas pour Ima Shalom la femme de Rabbi Eliezer, Brouria la femme de Rabbi Meir Baal Haness ou encore les filles de Rashi qui s'impliquèrent dans une étude très poussée de la Torah. Pour illustrer son propos Rabbi Yossef Messas rapporte une histoire qui se déroula il y a environ 300 ans dans la ville d'Alger :

"Il y avait une jeune fille issue d'une famille riche, dotée d'une très grande sagesse qui se consacrait jour et nuit à l'étude de la Torah. Un jour, de nombreuses personnes importantes accompagnées du Gaon Rabbi Yéhouda Ayache s'adressèrent à elle dans le but de la marier mais elle s'y refusa catégoriquement. Elle raisonnait de la façon suivante : Ben Azaï qui était un homme et donc avait l'obligation d'avoir des enfants, n'arrivait pas à réaliser cette mitsva car son âme était captivée par l'étude de la Torah (Yevamot 63b) ; moi qui suis une femme et donc qui n'ait pas l'obligation au sens strict de fonder une famille, à plus forte raison qu'il m'est permis de ne pas me marier pour pouvoir continuer à étudier. Dans l'espoir de la convaincre, Rabbi Yehouda Ayache lui dit : tu n'as pourtant pas d'obligation d'étudier et tu n'en recevras pas de récompense. Elle se mit à rire et lui répondit qu'il semblerait qu'il ait oublié les paroles du Rambam qui explique que les femmes reçoivent malgré tout un salaire de leur étude (Hilkh'ot Talmud Torah 1, 13). Elle continua dans les termes suivants : Que telle soit la volonté Divine que je ne reçoive aucun salaire car j'étudie uniquement par amour pour la Torah. Sur ces paroles, il décida de la bénir et conseilla à son père de la laisser agir selon sa volonté.

Quelques temps plus tard, Rabbi Ayache rêva qu'une milice arrivait dans la ville pour tuer et piller ses habitants et que cette jeune fille était sortie à leur rencontre avec une épée et avait réussi à tous les tuer. En se réveillant, il prit très peur et décida de jeuner. Trois jours plus tard, on aperçut une milice qui arrivait par la mer. Dans Sa grande bonté, D.ieu provoqua une tempête et leurs navires se renversèrent. Grâce à son rêve, il comprit que c'est par le mérite de l'étude de cette jeune femme que la ville fut épargnée."

A retenir

Comme le dit le Rav Yehoshoua Zuckerman, "la femme doit étudier comme l'homme", mais dans un cadre foncièrement différent : alors que l'homme a l'obligation d'étudier tous les jours, tous sujets confondus, la femme n'a pas d'obligation au sens strict. Mais elle se doit de connaître et donc d'étudier les sujets qui la concerne comme la cacherout, les fêtes, la pureté familiale, l'éducation, le couple, le Tanakh', la pensée juive... et son étude sera récompensée.

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