Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Itsrak Morali

Comment D.ieu gère le monde ?

Développement de la question

La plupart du temps, il nous semble difficile de saisir comment D.ieu agit. Il imprime son influence sur le monde par une infinité de façons différentes et de combinaisons subtiles.

Cependant, existerait-il quelques grandes influences par lesquelles D.ieu dirige le monde et qui nous permettraient de mieux comprendre son action ?

Réponse

Rabbi Moshé Haïm Luzzatto (le Ramh'al) enseigne (Daat Tvounot, 15,190) que D.ieu gère le monde suivant trois grandes influences principales qui sont :

  • la bonté sans limitation [H'essed]
  • la limitation [Din]
  • et la miséricorde [Rah'amim]

Le Rav Yehoshoua Zuckerman explique le détail de ces trois influences :

H'essed

Le H'essed est un bien sans limite qui ne tient absolument pas compte du "receveur" de ce bien, c'est à dire de savoir s'il est apte à recevoir ce bien. Le H'essed, seul, est donc mauvais, comme il est précisé dans la Torah (Vayikra 20, 17), où une union entre un frère et une soeur est interdit car cet acte abominable "est du H'essed" [Ki H'essed hou] ! C'est à dire vouloir faire du bien sans tenir compte de qui va le recevoir, ni comment...

Voici un autre exemple de H'essed : un mathématicien qui viendrait enseigner tout son savoir à un enfant de six ans, qui ne pourra absolument pas recevoir ce bien que le professeur lui donne ; car ce bien n'est pas "limité", ce bien n'est pas mis à la mesure de celui qui le reçoit.

Un autre exemple de H'essed serait que le Créateur fasse tomber la pluie toute l'année, sans limite, ce qui conduirait à détruire les recoltes !

Il faut donc adjoindre au H'essed un autre attribut pour le limiter.

Din

Le Din [attribut de Justice D.ivine] est la limitation de ce bien que D.ieu veut nous donner ; c'est tenir compte de ce que le receveur peut recevoir ; pour reprendre l'exemple du professeur, même s'il est mathématicien il va "limiter" son enseignement uniquement à ce que l'enfant pourra comprendre. La midat Hadin est aussi appelée Gvoura [la rigueur], et lorsque nous demandons la pluie, nous demandons Gvourot Guechamim, c'est à dire une pluie limitée, qui permettra à la récolte de pousser, mais sans la détruire.

C'est pour cela que dans nos prières nous ne demandons pas à D.ieu des H'assadim [des bontés], mais qu'il nous donne des H'assadim tovim, c'est-à-dire des bontés "bonnes" c'est-à-dire limitées, que nous pourrons recevoir sans être brisés : donc le tov [le bien] véritable est en fait... le Din

Mais comme cette justice est parfaite, elle est donc absolue : si D.ieu donnait le bien et la vie aux créatures uniquement suivant l'attribut de Justice, seuls les hommes parfaits recevraient, et les autres ne recevraient rien...Et le monde ne pourrait pas tenir.

Il faut donc adjoindre au Din un troisième attribut pour donner le temps à celui qui reçoit de devenir parfait et d'arriver au niveau de recevoir uniquement par son propre mérite.

Cependant, tant que ce receveur est imparfait, il va commettre des fautes. S'il était jugé uniquement suivant cette justice parfaite, il serait condamné à disparaitre dès la première faute. Ce troisième attribut qui doit s'adjoindre au Din doit permettre d'échelonner le jugement afin que la créature puisse le subir et rester vivante.

Rah'amim

La miséricorde, ce n'est pas diminuer la rigueur ; par exemple, ce n'est pas alléger la peine de prison du criminel de 10 à 5 ans... Car s'il en était ainsi, l'attribut de Justice de D.ieu serait bafoué. La Justice de D.ieu étant parfaite, elle doit donc être faite complètement sinon il y aurait...injustice.

La Rah'amim c'est donc "échelonner" le Din afin que la créature qui est encore imparfaite puisse le subir et rester vivante.

La Ra'hamim, c'est donc aussi "donner le temps" à celui qui reçoit de devenir parfait et donc d'arriver au niveau de recevoir uniquement par son propre mérite.

Pour expliquer clairement cet attribut, une parabole raconte qu'un Roi dit un jour à son fils que s'il lui désobéissait, il lui jèterait un rocher sur la tête, et le fils désobéit. Le père s'apprétant à appliquer le jugement, la mère de l'enfant s'interposa et demanda que ce soit elle qui l'applique. Le Roi accepta et la mère cassa le rocher en une pluie de petits graviers qu'elle jeta sur la tête de l'enfant un à un. L'enfant reçu tout le Din, tout en restant vivant.

La combinaison des trois influances

D.ieu gère le monde en combinant ensemble ces trois influances de manière à ce qu'elles soient toutes trois réalisées :

Il veut nous donner (H'essed), mais de manière limitée (Din) mais uniquement aux receveurs parfaits, tout en nous donnant le temps de nous parfaire jusqu'à pouvoir recevoir ce Din et rester vivant (Rah'amim).

Un exemple illustrera parfaitement cette combinaison :

trois professeurs ont décidé de faire passer un examen à des élèves : H'essed, Din et Rah'amim. H'essed qui est d'une bonté absolue décide de ne pas tenir compte du tout du niveau des élèves et de donner 20/20 à tous les élèves pour qu'ils aient tous l'examen.

Le professeur Din qui est d'une justice absolue refuse cette façon de faire car il est clair qu'il est injuste que le mauvais élève ait l'examen au même titre que le bon ! Il préconise donc que seuls les élèves ayant 20/20 aient l'examen, et que les autres soient recalés avec aucune chance de le repasser.

Sur ce, le professeur Rah'amim qui est d'une miséricorde absolue, vient et reconcilie les deux premiers : "nous allons organiser des sessions de rattrapage" et laisser le temps aux élèves recalés de se parfaire pour repasser l'examen autant de fois que nécessaire. Comme ça, Din sera satisfait puisque nous ne donnerons l'examen qu'aux élèves ayant eu 20/20, et H'essed sera satisfait car au bout de plusieurs sessions de rattrapage, finalement, tous les élèves finiront par avoir l'examen.

A retenir

D.ieu gère le monde en combinant trois influences principales afin qu'elles soient toutes réalisées en même temps :

  1. le fait de donner aux créatures la vie et tout le bien (H'essed)
  2. le fait de limiter ce bien à la capacité de recevoir de chaque créature (Din)
  3. le fait de donner le temps à la créature de se parfaire afin de mériter de droit ce don limité (Ra'hamim)

Commenter cet article