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Publié par Jérémy Avraham Cohen

Est-ce que l'Etat d'Israël a le statut de Royauté ?

Développement de la question

Suite a un exil de près de 2000 ans, le Peuple d'Israël s'est doté d'une entité étatique et politique en terre d’Israël du nom d'Etat d'Israël. Il fut alors décidé que cet état fonctionnerait selon les principes d'une démocratie moderne.

Cependant, le Peuple Juif à travers les siècles a toujours aspiré au retour de la Royauté tel que ce fut le cas au temps du roi David ou du roi Salomon. Ainsi, pour de nombreuses personnes, il est difficile de considérer l'Etat d'Israël comme étant le retour à la Royauté d'Israël.

Quel est donc le statut de cet Etat d'après les sages de la Torah ?

Réponse

Trois contre-arguments principaux

Une royauté est le régime politique d'un état dirigé par un Roi appartenant à une famille précise. Ainsi, toute personne affirmant que l'Etat d'Israël peut être considéré comme une Royauté se heurte à trois principaux contre-arguments :

  • L'Etat d'Israël n'est pas dirigé par un Roi mais par un Premier Ministre.
  • Le Royaume d'Israël ne peut être dirigé que par des descendants de la tribu de Juda. Or personne ne sait de manière sure de nos jours à quelle tribu il appartient
  • Comment affirmer que l'Etat d'Israël puisse avoir le statut de "Royauté d'Israël" si parmi ses dirigeants se trouvent des mécréants parfois haineux envers la Torah ?

Une royauté sans Roi ?

Le pouvoir exécutif de l'Etat d'Israël n'est pas détenu par un Roi mais par un gouvernement qui est élu démocratiquement par ses citoyens. Il semble donc a priori que l'Etat d'Israël ne puisse être considéré comme une Royauté.

Pourtant, en se basant sur l'avis de nombreux décisionnaires du Talmud, le Rav Ovadia Yossef zatsal arrive à la conclusion suivante :

"Bien que l'Etat d'Israël ne soit pas dirigé par un Roi mais par un gouvernement élu par ses habitants, le statut de royauté s'y applique." (Yeh'avé da'at 5, 4)

Il rapporte également dans sa responsa l'avis semblable d'autres décisionaires comme par exemple celui du Rav Yossef Shalom Eliashiv ou du Rav Avraham Itsh'ak Kook dont il cite les propos :

"Même lorsque qu'il n'y a pas de Roi en Israël, toutes les lois de la royauté qui sont liées à la situation collective de tous les habitants de la terre d'Israël sont de nouveau mises en application. Tout gouvernement qui est élu par le Peuple y résidant possède toutes les lois d'une royauté." (Michpat Cohen 144, 14)

La Royauté d'Israël dirigée par des non-descendants de la tribu de Juda

Il est écrit dans la Torah "Le sceptre ne se retirera pas de Juda" (Berechit 49, 10). De ce verset on apprend que la royauté d'Israël peut uniquement être détenue par un descendant de la tribu de Juda.

Or il est clair qu'on ne peut pas affirmer que tous les dirigeants de l'Etat d'Israël appartiennent à la tribu de Juda. Il est également bien connu que telle fut la faute des Asmonéens (lors des événements de H'anouka) qui régnèrent très longtemps sur Israël bien qu'appartenant à la tribu de Levi.

Le Rav Eliyahou Rahamim Zini démontre pourtant que cette idée répandue de penser que la faute des Asmonéens fut d'avoir régné sur Israël après la victoire sur les Grecs est inexacte (May hanouka, page 50-51). En vérité, leur faute fut de prolonger indéfiniment leur règne sur Israel et de mettre au pouvoir des dirigeants appartenant à d'autres tribus (Rambane, Berechit 49, 10). S'ils avaient transmis la royauté aux mains des descendants de Juda, rien ne leur aurait été reproché.

Ceci va dans le sens du Talmud de Jérusalem (Orayot 3, 2) où il est écrit qu'il est souhaitable voir même recommandable de faire régner des non-descendants de la tribu de Juda dans un cas de force majeur et temporaire.

Ainsi, lorsque les Asmonéens remportèrent la victoire, ils se retrouvèrent dans une situation où il était difficile de trouver un Roi descendant de Juda et digne de régner sur l'ensemble du Peuple d'Israël.

Tel est le cas pour l'Etat d'Israël actuel, où nous sommes dans l'impossibilité de savoir qui appartient à la tribu de Juda : étant dans un cas de force majeur, il est donc permis que ses dirigeants appartiennent à toute tribu quelle qu'elle soit.

Des dirigeants mécréants au sein de la Royauté d'Israël

Certains ont des doutes concernant le fait que l'Etat d'Israël soit considéré comme une royauté car des personnes qui portent une haine envers le judaïsme sont élus au sein du parlement à la Knesset, ou même du gouvernement.

Le Rambam s'exprime sur les conséquences de la victoire des Asmonéens de la façon suivante :

"Ils mirent en place un Roi parmi les Cohanim et la royauté d'Israël est revenue pour une période de 200 ans jusqu'à la destruction du second Temple." (Hikhot hanouka 3, 1)

Le Rav Ouri Sherki fait remarquer que durant ces 200 ans où "la royauté est revenue", la plupart des rois étaient loin d'être irréprochables... (Zeit Raanan-1) Parmi eux, il y eut Yanaï Alexandre qui tua des rabbins, Yoh'anan qui devint karaïte, Aristobule qui se battit contre ses frères, Hérode qui fit tuer de nombreux sages de la Torah ou encore Agrippa II qui aida les romains à réprimer la révolte juive...

Bien que la plupart de ces rois ne fussent absolument pas de grands justes, le Rambam n'hésite pas à louer le fait que la royauté revint en Israël pendant toute cette période.

Le fait qu'il y ait parmi les dirigeants du pays des mécréants ne change donc rien au statut de l'état qui reste une royauté.

A retenir

La Halakh'a a été tranchée clairement : l'Etat d'Israël contemporain a le statut de Royauté, même s'il n'y a pas de Roi mais un Premier Ministre, même si ses dirigeants ne sont pas de la tribu de Juda, et même si certains d'entre eux sont des mécréants.

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