Quels sont les pires des défauts et quels sont leurs remèdes ?

Développement de la question

Nous avons tous des défauts. C'est un constat mais pas une fatalité : nous pouvons et nous devons changer, car comme le dit le Rav Yehoshoua Zuckerman, l'homme est imparfait mais il est perfectible. Et dans notre quête pour devenir plus proches de D.ieu, il est donc essentiel de connaître les défauts majeurs de la personne humaine et surtout : de savoir comment y remédier.

Aussi, dans l'infini variété des caractères, existerait-il des défauts majeurs, qui seraient en quelque sorte les racines du mal, les racines de tous les autres défauts ? Et s'il en est ainsi, quels sont alors les remèdes ultimes ?

Réponse

Dans son livre "Shaarey Kedoucha" (part. 1, porte 2), le Rav H'aïm Vittal explique que l'homme est constitué dans sa partie corporelle des quatre éléments qui sont le feu, l'air, l'eau et la terre.

A ces quatre éléments sont rattachés dans l'âme humaine vitale [Nefech hayessodit] les quatre défauts de base de l'homme, et également les quatre opposés, qui en sont les remèdes ultimes.

1/ Le feu : l'orgueil et la colère

A l'élément de feu est rattaché l'orgueil [gaava]. En effet, il est dans la nature du feu de s'élever, et le fier a dans sa nature la volonté de s'élever, de se croire supérieur aux autres : il est vaniteux et prétentieux.

Cette fierté inclut la colère :

"car à cause de l'orgueil, l'homme se met en colère car on ne fait pas sa volonté, et s'il était humble, et connaissant ses manques, il ne se mettrait pas du tout en colère, il se trouve donc que l'orgueil et la colère sont un seul et même défaut." (!) [ki hagaava vehakaas mida ah'at hem]

C'est le pire des défauts car il conduit l'homme à toutes sortes de destructions dans sa vie, dans celle des autres, dans son couple, dans sa vie professionnelle, amicale etc.

Les dérivés de l'orgueil

• L'intolérance dans son coeur [kapdanout]
• La volonté de dominer, et la recherche des honneurs
• La haine de l'autre qui est plus grand que lui

Le remède qui est à l'opposé : l'humilité en s'écrasant au maximum

Le remède à la colère et à l'orgueil et ses dérivés est donc : "l'humilité en s'écrasant au maximum [tarlit hachiflout] et de s'éloigner de toute sorte de colère qui vient de la fierté."

Attention, le remède n'est pas le but ! il est le moyen de guérir : 

lorsque l'homme se sera purifié de la vanité, de la colère, de l'intolérance et de la recherche des honneurs, en s'écrasant le plus possible, il pourra alors vivre la véritable humilité qui est de connaître précisément sa valeur.

2/ L'air : les discussions vaines

A l'élément d'air sont rattachées les discussions vaines, c'est-à-dire "les discussions qui n'ont aucun intérêt, ni pour l'âme, ni pour le corps".

Les dérivés des discussions vaines

• La flaterie
• Le mensonge
• La médisance
• La vantardise

Le remède qui est à l'opposé : le silence

"L'homme doit se taire, comme un muet, il n'ouvrira sa bouche que pour l'étude de la Torah et la pratique des mitsvot [commandements], ou pour parler de ce qui est obligatoire pour les besoins du corps et pour les besoins élémentaires de la politesse."

Attention, le remède n'est pas le but ! il est le moyen de guérir :

une personne qui aura purifié sa parole de la flaterie, du mensonge, de la médisance, de la vantardise et des discussions vaines pourra réellement commencer à parler, et plus il parlera et plus il sera béni !

3/ L'eau : l'appétit des plaisirs

"Car l'eau fait pousser toutes sortes de plaisirs", des fruits, des légumes, des plantes odorantes etc. l'appétit des plaisirs est donc lié à l'élément d'eau qui se trouve dans le corps.

En effet, la recherche incessante du plaisir pour le plaisir conduit l'homme à une vie centrée sur le corps, qui ne l'ammènera sûrement pas au vrai bonheur.

Les dérivés de l'appétit des plaisirs

• "la convoitise, voler l'argent de son prochain, sa femme, et tout ce qui est à lui pour son propre plaisir"
• "la jalousie, car il va jalouser son prochain qui a beaucoup d'argent ou autre, et qui peut se faire plaisir avec."

Le remède qui est à l'opposé : le dégoût des plaisirs physiques

Le remède est "le dégoût de tous les plaisirs physiques, en ne s'autorisant que ceux qui sont obligatoires."

Attention, le remède n'est pas le but ! il est le moyen de guérir :

une fois que l'homme se sera purifié de la bestialité qui est en lui qui le pousse à rechercher le plaisir uniquement pour satisfaire son corps, alors l'homme pourra goûter à tous les plaisirs du monde dans la pureté, de manière désintéressée.

4/ La terre : la tristesse

La dérivée de la tristesse

• la paresse

Car l'élément de terre qui se trouve dans le corps représente la lourdeur corporelle qui est la racine de la paresse.

"La paresse dans la pratique de Torah et mitsvot, à cause de sa tristesse car il n'arrive pas à acquérir les vanités de ce monde, ou à cause de sa tristesse car il vit des épreuves difficiles, et il n'est jamais satisfait de son sort, et même la richesse ne le rendrait pas heureux."

Le remède qui est à l'opposé : la joie extatique

Le remède à cette tristesse et à la paresse est donc "la joie permanante, étant toujours satisfait de son sort, car tout ce que D.ieu fait, c'est pour le bien, dans l'extase et l'exultation, à toute vitesse dans son service de D.ieu".

Attention, le remède n'est pas le but ! il est le moyen de guérir :

une fois que l'homme aura vaincu la tristesse et la paresse qui sont en lui, par cette extase et cette exultation permanante, il pourra enfin vivre une vie joyeuse, en étant toujours satisfait de son sort.

A retenir

Les quatre racines du mal dans l'âme vitale humaine sont la fierté et la colère (qui sont un seul et même défaut), les discussions vaines, l'appétit des plaisirs et la tristesse. Pour combattre ces quatre défauts mortels, l'homme utilisera quatre remèdes ultimes également présents dans son âme vitale : il s'écrasera au maximum, fera silence, se dégoûtera des plaisirs corporels et vivra dans une joie extatique. Une fois purifié, il pourra enfin vivre heureux, dans l'humilité, profitant sainement des plaisirs de ce monde, en parlant à bon escient, dans la joie.